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Pénurie de physiatres au Québec : l’ergonome est prêt à mettre l’épaule à la roue!

3 juin 2019

Pénurie de physiatres au Québec : l’ergonome est prêt à mettre l’épaule à la roue!

Après avoir lu le texte de Anne Lacoursière intitulé «Pénurie de physiatres au Québec: les physiothérapeutes appelés en renfort» publié le 1er juin dernier, des membres de l’Association professionnelle des ergonomes du Québec (APEQ) se sont sentis interpelés par la problématique des troubles musculosquelettiques (TMS) décrite dans l’article. Il faut rappeler que le travail des ergonomes consiste, justement, dans bien des cas, à modifier l’environnement de travail afin de prévenir ce type de lésions car celles-ci sont en partie associées au travail. Selon les données de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), les cas de lésions de type TMS ont touché plus de 25 000 personnes annuellement entre 2014 et 2017. Durant ces années, ce type de lésions était d’ailleurs en hausse de plus de 10% et comptaient pour 29,7% des dossiers ouverts et acceptés par la CNESST. Heureusement, tous ces travailleurs et ces travailleuses blessé(e)s n’ont pas besoin de consulter un physiatre, mais plus il y a de cas, plus il y a de chance qu’un certain nombre nécessite les services d’un spécialiste.

L’interdisciplinarité appelée en renfort

Une des avenues de solution présentée par les physiatres dans l’article est le recours à l’interdisciplinarité. Comment diagnostiquer et traiter plus de gens atteints de troubles musculosquelettiques? La solution : élargir le nombre de professionnels pouvant intervenir. L’idée de s’appuyer sur les physiothérapeutes, tout à fait compétents pour exercer en la matière, est logique. Mais nous croyons nécessaire d’ajouter que la contribution de l’ergonome est essentielle pour faciliter le retour au travail et éviter les rechutes. Et pourquoi en rester là? Pourquoi ne songer qu’à la prise en charge des personnes déjà atteintes de troubles musculosquelettiques? Une solution complémentaire serait de travailler en prévention et rechercher une réduction du nombre de personnes qui seront atteintes d’un trouble musculosquelettique.

Bien que les personnes actuellement en attente d’un physiatre ne soient pas toutes des accidentées du travail, l’ergonome, en tant que spécialiste de l’analyse de l’activité de travail, contribue, et pourrait certainement contribuer davantage, à réduire le nombre de personnes blessées dans le cadre professionnel. Si le nombre de dossiers à traiter est déjà trop grand, pourquoi ne pas tenter, au moins, de prévenir l’arrivée de nouveaux cas ?

Ceci serait d’autant plus souhaitable que, selon les données de la CNESST, pour la période de 2014-2017, les principaux secteurs touchés étaient ceux des soins de santé et de l’assistance sociale, de la fabrication des biens durables et non durables et celui du commerce de détail. De plus, ces données montrent que les TMS étaient en hausse auprès des travailleurs de 55 ans et plus. Alors que les secteurs mentionnés sont frappés par la pénurie de main d’œuvre et que le personnel expérimenté est plus que jamais souhaité au travail, l’amélioration des environnements de travail par l’ergonomie pourrait à la fois soulager notre système de santé, aider nos entreprises en manque de personnel et éviter d’importantes douleurs auprès des employé(e)s.

Réduire les délais d’attente par plus de prévention

L’adage populaire le dit bien : Vaux mieux prévenir que guérir. Malheureusement, peu de moyens sont véritablement mis en œuvre dans notre société pour agir en prévention ou encourager les entreprises à faire mieux en matière de prévention au travail. Rappelons que la Loi sur la santé et sécurité du travail (LSST) a pour objet l’élimination à la source même des dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs. Toutefois la réglementation qui en découle ne porte que très peu sur la prévention des troubles musculosquelettiques. Dans un contexte de pénurie de main d’œuvre dans les secteurs des soins de santé, il serait intéressant de s’appuyer sur les disciplines axées sur la prévention. L’ergonome contribue à prévenir les troubles musculosquelettiques en éliminant les risques de lésions à la source. La crise vécue par les physiatres illustre l’importance de changer de paradigme et de miser davantage sur la prévention.

L’intervention à la source prend tout son sens lorsque

• La situation qui semble problématique touche ou touchera un grand nombre de travailleurs ;
• la fréquence ou la gravité des accidents du travail sont élevées ;
• l’apparition des maux et des blessures sont prévisibles si rien n’est fait pour les prévenir ;
• des situations de travail identiques ou comparables sont reproduites à plusieurs exemplaires ;

Ces quatre points montrent comment une intervention préventive en ergonomie peut créer des milieux de travail plus sains et sécuritaires pour le plus grand nombre, évitant ainsi toutes formes de traitements relevant du système de santé, aussi bien au public qu’au privé.

Le retour au travail

Dans un deuxième temps, l’ergonomie favorise la réintégration des travailleurs et travailleuses blessé(e)s tout en évitant les risques de récidives, de rechutes et d’aggravations. Il peut s’agir de trucs de métiers, d’une formation adaptée et de la connaissance de principes de prévention pour permettre à un employé de retourner sur le marché du travail et de reprendre confiance en lui et en ses capacités. En s’attardant au travail réel, pas celui décrit dans la description de tâches, l’ergonome pourra aussi proposer des modifications au poste de travail, qui permettront également à des collègues d’éviter des blessures. De plus, l’ergonome, après analyse de l’activité de travail, pourra proposer des aménagements au poste de manière à prendre en compte les limitations fonctionnelles d’un employé en retour au travail.

Étant capable d’intervenir en amont et en aval des traitements offerts en clinique, nous sommes d’avis que l’ergonome est certainement un allié durable pour une possible sortie de crise, à condition bien sûr qu’on reconnaisse une place à la prévention et au retour au travail et qu’on fasse une place à l’ergonome au sein des équipes interdisciplinaires.


Gouvernement du Québec, 1979, Loi sur la santé et la sécurité du travail, art. 2, repéré le 7 juin 2019 sur http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cs/S-2.1

Source : Membres de l’APEQ


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